ÎLÉMOR, l’emzao accompli (chapitres 19 et 20)
19 Épargné par la mobilisation, en 1939, des sénégalais citoyens français – il était alors en Bretagne à attendre le second départ du Vaillant vers Saint-Louis – Mamadou s’était fait rattraper par l’histoire avec le ralliement de l’AOF au général de Gaulle. Incorporé au 4ème RTS sous le commandement du colonel Lucien Cariou – un noble officier de très vieille lignée bretonne – il avait rejoint en Afrique du Nord la 9ème Division d’infanterie coloniale qui s’apprêtait à débarquer sur le continent européen. Consciencieux sans se distinguer par son ardeur guerrière, Mamadou fit partie du corps expéditionnaire français en Italie. Puis la reddition de celle-ci, en Septembre 1943, le renvoya deux mois plus tard sur le sol africain. Plus précisément au Maroc. « Dieu a voulu », raconterait-il à la fin de la guerre, « que je dusse alors tirer sur des musulmans qui manifestaient pour leur indépendance. » C’était à Fez, au cours de la répression des émeutes qui avaient coûté l