ÎLÉMOR, l’emzao accompli (chapitres 11 et 12)
11 Naviguant toutes en milieu bretonnant, les élèves de l’île avaient assez peu conscience de la francisation de plus en plus manifeste du quotidien armoricain. Très prononcée en ville où, « yezh ar vezh », le breton se retrouvait carrément qualifié de « langue de la honte », elle se développait aussi notablement dans les campagnes avec la politisation des revendications paysannes exacerbées par les difficultés économiques et un exode rural croissant, notamment vers Paris. Mais aussi secondaire était resté l’usage du français sur l’île, sa réservation à l’écrit lui avait donné d’indéniables lettres de noblesse dans l’esprit des demoiselles. Notamment au vu des excellents résultats que chacune avait obtenus en son examen national respectif. On avait ainsi pris l’habitude, dès le début des années 30, de commenter tous les quinze jours telle ou telle édition de « L’Ouest-Éclair », fleuron démocrate-chrétien de la presse régionale, ou du « Nouvelliste de Bretagne », émanation de l’ar