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ÎLÉMOR, l’emzao accompli (chapitres 21, 22 et 23, fin de l'ouvrage)

 21           Parachutés à la mi-Avril au-dessus des landes de Lanvaux, Ibrahim et son capitaine Le Collen furent accueillis par le chef d’escadron Le Garrec. Celui-ci commandait le 2ème bataillon ORA du Morbihan, fondé le mois précédent, suite à des accords entre plusieurs réseaux locaux de résistance. La mission des nouveaux venus consistait à rencontrer au plus vite Paul Chenailler, alias « colonel Morice », nouveau chef départemental des FFI, afin de préparer avec lui l’arrivée imminente de grandes quantités d’armes et d’un petit contingent de chasseurs parachutistes FFL. Ce n’était pas simple. Non seulement la direction de la résistance morbihannaise avait été durement touchée, le trimestre précédent, par la capture de Guillaudot et de plusieurs de ses proches collaborateurs, mais il fallait aussi tenir compte de l’éparpillement de ses troupes potentielles, jamais réunies, sinon en petits groupes isolés d’actions ponctuelles, rarement coordonnées.            Ancien officier de la

ÎLÉMOR, l’emzao accompli (chapitres 19 et 20)

19                     Épargné par la mobilisation, en 1939, des sénégalais citoyens français – il était alors en Bretagne à attendre le second départ du Vaillant vers Saint-Louis – Mamadou s’était fait rattraper par l’histoire avec le ralliement de l’AOF au général de Gaulle. Incorporé au 4ème RTS sous le commandement du colonel Lucien Cariou – un noble officier de très vieille lignée bretonne – il avait rejoint en Afrique du Nord la 9ème Division d’infanterie coloniale qui s’apprêtait à débarquer sur le continent européen. Consciencieux sans se distinguer par son ardeur guerrière, Mamadou fit partie du corps expéditionnaire français en Italie. Puis la reddition de celle-ci, en Septembre 1943, le renvoya deux mois plus tard sur le sol africain. Plus précisément au Maroc. « Dieu a voulu », raconterait-il à la fin de la guerre, « que je dusse alors tirer sur des musulmans qui manifestaient pour leur indépendance. » C’était à Fez, au cours de la répression des émeutes qui avaient coûté l

ÎLÉMOR, l’emzao accompli (chapitres 17 et 18)

 17      La prédiction du vieux druide de Beltaine prit brusquement du corps avec le débarquement allié en Afrique du Nord. Certes lointain mais que les Allemands se hâtèrent de rapprocher de l’Hexagone, en envahissant, à peine trois jours plus tard – Un 11 Novembre ! Comme une nouvelle gifle retentissante aux vainqueurs de 14-18… – la zone non-occupée. Un empressement surtout révélateur de la sourde angoisse qui monte parmi l’élite militaire teutonne : la Wehrmacht n’est plus conquérante. L’enlisement en Russie aux portes de l’hiver laisse présager de sombres lendemains. Encore assez diffus pour la plupart des officiers actifs en Bretagne, ce sentiment prenait, chez le sturmbannführer Friedrich Narsohn, une tournure singulièrement personnelle. Le piétinement de la glorieuse armée du Führer, c’était le sien propre dans la conquête de l’inaccessible Aïcha. Chaque mauvaise nouvelle de tel ou tel front le voyait d’autant plus torturé qu’elle coïncidait quasi systématiquement avec un contr