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ÎLÉMOR, l’emzao accompli (chapitres 17 et 18)

 17      La prédiction du vieux druide de Beltaine prit brusquement du corps avec le débarquement allié en Afrique du Nord. Certes lointain mais que les Allemands se hâtèrent de rapprocher de l’Hexagone, en envahissant, à peine trois jours plus tard – Un 11 Novembre ! Comme une nouvelle gifle retentissante aux vainqueurs de 14-18… – la zone non-occupée. Un empressement surtout révélateur de la sourde angoisse qui monte parmi l’élite militaire teutonne : la Wehrmacht n’est plus conquérante. L’enlisement en Russie aux portes de l’hiver laisse présager de sombres lendemains. Encore assez diffus pour la plupart des officiers actifs en Bretagne, ce sentiment prenait, chez le sturmbannführer Friedrich Narsohn, une tournure singulièrement personnelle. Le piétinement de la glorieuse armée du Führer, c’était le sien propre dans la conquête de l’inaccessible Aïcha. Chaque mauvaise nouvelle de tel ou tel front le voyait d’autant plus torturé qu’elle coïncidait quasi systématiqu...

ÎLÉMOR, l’emzao accompli (chapitres 15 et 16)

  15               En ce même début de l’an 1942, on souffrait, au Sénégal comme dans toute l’Afrique française de l’Ouest, de l’effondrement des exportations. D’autant plus que les échanges avec son homologue équatoriale s’étaient également réduits à peau de chagrin, depuis que toutes ces colonies étaient passées dans le camp de la France libre. Quoique le lieu apparent de l’enjeu stratégique entre les forces de l’Axe et les Alliés se situât plus au Nord – plus exactement, dans les parties méridionale et orientale de la Méditerranée – le reste de l’empire Français n’en faisait pas moins l’objet d’une compétition aussi sourde que féroce entre pétainistes et gaullistes, compliquée, dans chaque camp, par l’intensité des affrontements doctrinaux. Côté Vichy, la quasi-unanimité anticommuniste cachait l’irrémédiable divergence entre collaborationnistes et revanchards, avec, en filigrane, celle relative au traitement des juifs. Côté France libr...

ÎLÉMOR, l’emzao accompli (chapitres 13 et 14)

  13     La déclaration de la seconde Guerre mondiale, le 3 Septembre 1939, n’affecta pas le planning du second voyage qu’Hoël espérait lancer avant la fin du mois. À ceci près que son capitaine n’en fut pas, affecté qu’il se retrouvait au siège du 62 ème RI, sis à Lorient. Mais assez près de son affaire, tout de même, pour en assurer le suivi. Tous âgés de plus de cinquante ans – le premier toujours ignoré, de surcroît, des registres militaires – Yves, Glen et Jeannot n’étaient pas plus concernés par la mobilisation que le petit Didier, trop jeune, et les deux sénégalais, trop éloignés de leur lieu de conscription. « Le Vaillant » partit donc à l’heure sous la direction d’Yves et la totale réussite de l’expédition fut suivie, six mois plus tard, d’un troisième voyage tout aussi fructueux. Réformé lors de ses classes en 1931, Jakez n’avait pas cessé d’assurer le ravitaillement de l’île lors des absences de son père et tout semblait aller pour le mieux.   Mais ...