D’ICI À LÀ : 1 - Méthodologie - Lutte contre la pauvreté ou lutte avec les pauvres ?
I
MÉTHODOLOGIE
LUTTE CONTRE LA PAUVRETÉ OU LUTTE AVEC LES PAUVRES ? [1]
Établi au début de ce siècle avec des objectifs chiffrés à l’horizon 2015, le fonds des Nations Unies pour le développement durable (UNDAF) de la Mauritanie vit la dernière année de son parcours. Plusieurs objectifs ne seront pas atteints. Des évènements conjoncturels, mondiaux ou plus locaux, sont mis en cause. Mais il existe également des défauts structurels… Panorama sur une situation complexe mais pas forcément inextricable…
Grosso modo, les actions sont trop fragmentées, sectorisées, mal coordonnées et poursuivies. Il manque, tout à la fois : de cohérence globale des bailleurs, non pas au niveau des textes – les ODM (Objectifs Du Millénaire) et l’UNDAF existent bel et bien et constituent une réelle référence commune – mais bien plutôt au niveau des procédures et des délais ; de structures permanentes de terrain suffisamment autonomes et assurées de fonctionnement dans le temps ; d’articulations cohérentes et, elles aussi, assurées de fonctionnement dans le temps, avec les OSC [2] nationales spécialisées en tel ou tel secteur d’activités ; de motivations à la décentralisation et à la fixation provinciale des compétences ; et de projets locaux, enfin, suffisamment globaux et intégrés pour promouvoir une dynamique durable.
On est parti, dans la conception de l’UNDAF, sur une base véritablement globale : le développement consiste à diminuer la pauvreté. En ce sens, on était en prise virtuelle avec la problématique des populations mauritaniennes. Au fin fond du Hodh, un paysan se pose, lui, à un instant donné, la question réelle : « comment puis-je combattre ma pauvreté ? ». Et effectivement : le passage de la lutte contre la pauvreté à celle contre sa pauvreté, leur interaction, constitue le vrai défi du développement. Pour y répondre, les artisans, à l’échelon global, de cette politique se sont efforcés de découper la stratégie d’intervention en secteurs logiques, chacun subdivisé en activités spécifiques, nanties de budget plus ou moins bien estimé. Des ONG [3] nationales et internationales, spécialisées en tel ou tel domaine, se sont réparties sur ces activités et sont intervenues, ici et là, au petit bonheur des financements obtenus. Au bout de la chaîne, on a pu voir, en tel quartier défavorisé de Nouakchott, par exemple, se dérouler successivement une séance d’information sur la nutrition infantile, deux thés-débats sur le SIDA, une après-midi, dans la cour de la nouvelle école, de plantations d’arbres – malheureusement desséchés depuis, faute d’adduction d’eau – trois campagnes de vaccination, tandis que s’amoncelaient, de mois en mois, les ordures ménagères, les problèmes d’approvisionnement en eau et en électricité, se multipliaient mouches et moustiques et diminuaient les rations alimentaires, faute de travail suffisamment rémunérateur pour affronter la hausse continuelle des prix des denrées de première nécessité. Et, au fin fond du Hodh, le paysan de se tourmenter, encore et encore : « comment combattre ma pauvreté ? »
Sa pauvreté, certes spécifique, comme celle du charretier d’El Hay Sakin, est tout aussi globale que la pauvreté. Elle touche l’un, l’autre et leurs proches, sur tous les plans : économique, nutritionnel, sanitaire, éducatif, culturel, plus globalement encore, cognitif et environnemental. Or ce qui leur parvient, de la lutte contre la pauvreté, ce sont des fragments dispersés d’un plan méthodiquement conçu à mille milles d’eux et de leur quotidien. On les encourage, de diverses manières, à constituer ou rejoindre des groupes civils susceptibles de réunir leurs efforts, d’établir à leur tour une vision locale cohérente de leurs problèmes et de leurs solutions, de la présenter à l’appui de bailleurs, mais combien faudra-t-il de temps et d’investissements avant que leur projet entre dans le bon cadre, au bon moment ? Car tout est là. Construire un projet cohérent ne suffit pas. Il faut encore qu’il corresponde aux critères d’éligibilité, plus ou moins variables dans le temps, concoctés à New-York, Paris, Bonn ou Bruxelles. Tel bailleur est limité par des contraintes géographiques ou temporelles ; tel autre s’en tient à la lutte contre le SIDA, la gestion de l’environnement, l’activité genre ; tel autre encore doit suivre des procédures complexes de financement. Cette année, telle institution supprime, de son programme d’aide, telle rubrique sur laquelle vous avez malheureusement articulé la présentation de votre projet. C’est ainsi, il faut se faire aux procédures, vous précisent gentiment les préposés, expatriés le plus souvent, qui vivent – quant à eux, fort bien, grâce à Dieu ! – de ce vaste marché de l’aide au dévelop-pement.
À chaque bailleur, son modèle de requête. À fournir en deux, trois ou quatre exemplaires. Vos cent pages A4, noircies d’encres, diverses mais invariablement polluantes, finiront tôt ou tard dans la nature ; au mieux sous la dent des ânes, qui ont, en Mauritanie, l’estomac solide : non seulement l’environnement a bon dos mais votre portefeuille aussi. Ce qui est notablement plus délicat, lorsque vous représentez un groupement de personnes pauvres qui s’évertuent à construire, ensemble, une dignité collective consciente des difficultés quotidiennes de chacun. Vu d’un bureau climatisé où les ramettes de papier se consomment à la pelle, ça n’a l’air de rien. Le jour où cela aura vraiment l’air de quelque chose, alors un premier pas aura été accompli entre la pauvreté et ma ou sa pauvreté. Il est urgent que les institutions, toutes les institutions, d’aide au développement actives en Mauritanie prennent enfin le taureau par les cornes et se réunissent, afin de négocier notamment un modèle commun de requête. Simple, efficace, où nul n’aura à se creuser la tête pour distinguer les buts des objectifs, les indicateurs de réussite des outputs et autres résultats espérés, etc.
Il est, écologiquement et socialement – a fortiori, donc, économiquement – aberrant que tel organisme puisse jeter directement à la poubelle, sans rien en lire, le gros d’une requête – original et exemplaires dont on a exigé l’impression – au prétexte que sa seule note de présentation ne correspond pas aux critères d’éligibilité du bailleur. Au minimum, ce travail non retenu devrait être rendu à ses auteurs et l’exigence rédactionnelle de son contenu, suffisamment souple pour autoriser un réemploi du document auprès d’un autre organisme. On pourrait même espérer que les examinateurs de ces textes, normalement spécialistes des sujets traités et généralement très grassement payés, trouvent le temps d’annoter un des exemplaires de leurs critiques éclairées. Donner de la valeur à l’échec, c’est, non seulement, l’expression la plus tangible du respect mais, aussi, une des bases les plus solides du développement durable. Cela ne coûte pas grand-chose, c’est avant tout une disposition d’esprit que tout agent de développement, à quelqu’échelon soit-il, devrait cultiver soigneusement et que ses supérieurs devraient systématiquement encourager.
Une telle démarche supporterait aisément une critique inverse. L’examen attentif d’un projet peut déboucher sur le refus de son financement. Une fois écartée l’incrimination de sa cohérence interne, l’examinateur peut en déduire un défaut de conception des critères d’éligibilité eux-mêmes. Dans quelle mesure l’institution qui l’emploie est-elle outillée pour entendre et rectifier au plus vite cette inadéquation ? Vue sous un autre angle, l’inadaptation entre les critères d’éligibilité et tel ou tel projet manifestement viable peut relever d’une simple contrainte conjoncturelle, interne ou externe à l’institution bailleuse. Dans quelle mesure, alors, l’examinateur peut-il transmettre le projet, sinon introduire le demandeur, vers telle ou telle autre structure mieux adaptée ? En Mauritanie, on compte à peine une trentaine de PTF [4], directs ou indirects, dont la mise en synergie progressive, peu à peu affinée par un programme commun de collaboration, ne devrait pas poser, au vu des compétences de leurs employés, plus de problèmes que celle-là pose aux habitants des quartiers pauvres et des adwabas [5], beaucoup moins cultivés en matière de développement durable. La démarche a même un nom : autonomie coopérative. Sous diverses autres appellations, chaque bailleur la recommande expressément aux populations qu’il entend soutenir. Serait-il capable de la faire vivre, avec et entre ses confrères, au service réel et non plus virtuel de celles-ci ?
Conjonctures fluctuantes, acteurs locaux fragiles
La problématique actuelle des bailleurs, qu’on suppose toujours en quête d’une efficacité maximale, se résume, ainsi que nous l’avons évoqué tantôt, en deux questions : capacité d’harmonisation des procédures, d’une part, et, d’autre part, flexibilité des catégorisations. Si la première exige une conjonction de volontés et des efforts de négociations – tâches difficiles, certes, mais très précisément paramétrables – la seconde a ceci de particulièrement difficile qu’elle alimente une des phobies les plus tenaces de l’esprit administratif : l’exception. Longtemps niée, traquée, incendiée, celle-ci renaît toujours de ses cendres et a même obtenu, depuis quelques décennies, ses lettres de noblesse avec l’avènement de la pensée systémique. Complexe, chaque situation est unique. Vouloir la réduire de force à un schéma expose à une médiocrité de résultats, sinon à la plus lamentable inefficacité, autre exécration du réglementaire. Devant l’alternative, il faut manifestement, ou tricher, ou tergiverser.
Admettons que les bailleurs, à tous les niveaux, répugnent à la première solution. Sur quoi, donc, appuyer la nécessaire mouvance des cases toutes faites ? Il y a des pistes. La plus prometteuse, sans doute, a été ouverte par les OMD qui ont mis en avant des priorités. Sept objectifs, onze cibles, c’est déjà un bel effort de visualisation globale des phénomènes. Certes, l’ordre de présentation de ceux-là reste discutable et beaucoup auraient certainement préféré une table ronde, mettant objectivement côte à côte, en relation de voisinage immédiat, la gestion durable de l’environnement et la réduction de la faim et de la pauvreté. On aurait ainsi évité l’entretien de dramatiques obtusions d’esprit considérant, puisque la lutte contre la faim est prioritaire (ODM1) sur l’assurance d’un environnement durable (ODM7), qu’il faut donc, d’abord, se préoccuper de la rentabilité à l’hectare des terres, moyennant le forçage de ces dernières – regrettable, certes, mais, voyez-vous, la nécessité… – avant de songer à compenser ces lacunes par des actions de protection environnementale, ailleurs, en des sols moins arables…
C’est probablement dans leur connectivité maximale que les OMD ont le plus de chances d’être, durablement plutôt que dans les temps, atteints. Les trois grands blocs – réduction de la pauvreté et de la faim, santé et éducation pour tous, gestion durable de l’environnement – l’égalité des genres, étant, en réalité, un thème transversal, qu’on aurait dû d’ailleurs coupler à l’intégration respectueuse de toutes les minorités, quantitatives ou qualitatives – forment un trépied indéformable que tout professionnel du développement, à quelque niveau que ce soit, devrait garder en permanence à l’esprit. Quelles que soient les nécessités de structuration administrative, celles-ci ne devraient jamais étouffer ce principe de réactivité globale. Cela signifie, par exemple, que lors d’une découpe, en lots d’attribution financière, d’un appel à propositions, on réserve systématiquement une part conséquente – au mieux, un tiers – de financements à la couverture de projets apparemment hors cadre ou à cheval sur un ou plusieurs objectifs spécifiques mais manifestement en phase avec tel ou tel objectif global de la démarche d’attribution, cohérent, équilibré, durable et nanti d’un réel dynamisme participatif. Ce sont généralement les agences locales qui sont le plus à même d’apprécier la validité de ce genre de projets, en ce que ceux-ci révèlent souvent les particularités singulières du développement, tel qu’il doit être conçu et mené ici, pas à côté, ni là-bas. On l’a dit et redit : il n’y a de science que de relatif, ni d’efficacité globale sans perception du local ; et inversement. Se pénétrer de cette évidence, c’est admettre enfin que la démarche du financement au projet – on fait de la demande en fonction de l’offre – n’est viable qu’en considération de son inverse qui ajuste l’offre (du bailleur) à la demande (du terrain).
Certains évènements, dont les impacts sont sensibles à l’échelon mondial, pèsent sur l’aide au développement. On a vu, ainsi, comment la chute du Mur de Berlin puis le 11 Septembre ont déterminé une politique globale fortement centrée sur la sécurisation des rapports sociaux et commerciaux, dans un contexte marqué par la déstructuration du monde géopolitique de l’après-guerre. On a remarqué, d’un autre point de vue, comment une crise alimentaire, artificiellement nouée par une brusque spéculation, elle-même réactive à une crise financière majeure, pouvait, en quelques mois, modifier les priorités d’intervention de telle ou telle institution d’aide au développement. Tout comme, à un niveau moins global, les modifications et autres rectifications politiques nationales peuvent entraîner de notables variations de générosité chez ces mêmes bailleurs. Ce n’est pas nouveau. L’altruisme en la matière est particulièrement relatif. Quoiqu’en affirme tel ou tel responsable, ce sont bien des considérations intéressées qui tiennent les cordons de la bourse et la démarche du financement vers le projet demeure la méthode quasiment généralisée de l’aide au développement.
À un instant t donné, il faut produire tel ou tel type de projet et la pérennité d’une ONG localisée tient d’abord à sa capacité de réagir au plus vite aux variations de l’offre. Du coup, les groupements de terrain, en prise réelle, eux et prioritairement, sur la vie des gens, sont pratiquement toujours disqualifiés. Les organisations nationales, qui vivent au plus près des bailleurs et ont appris à en décrypter les signes et les consignes, s’interposent en intermédiaires obligés entre ceux-ci et ceux-là. À différentes reprises, j’ai été moi-même sollicité pour « pondre », dans des délais extrêmement brefs, un projet correspondant à des TDR [6] précis de financement et, non seulement, le temps imparti ne permettait manifestement pas de suivre un réel processus de concertation communautaire mais ces TDR pouvaient, de surcroît, contenir des aspects trop contraignants ou négliger des paramètres importants de la situation sur le terrain. Cette fébrilité est d’autant plus marquée que la plupart des ONG ont un besoin vital de subventions pour assurer ne serait-ce que leur fonctionnement basique (loyer, personnel permanent, consommables, etc.) et ces liquidités ne peuvent provenir que de ponctions sur le financement des projets soumis aux bailleurs. C’est vrai partout mais plus particulièrement dans les pays en développement et la Mauritanie n’échappe pas à la règle.
Non pas, bien évidemment, que nous cherchions à contester ici la nécessité des ONG nationales. Mais leur mode de fonctionnement, beaucoup trop soumis à des financements aléatoires, pose problème. D’une manière générale, ces ONG n’ont pas les moyens d’assurer, de façon pérenne, leurs missions de collection et de transmission d’infos, de fédération et de coordination de démarches localisées, selon des approches par filière ou par thème, de concertation régulière, entre elles et avec les différents départements d’État concernés par leurs activités. Mené au début de ce siècle, le diagnostic « actoriel » – identification des ONG, compréhension de leurs rôles respectifs, évaluation de leur fonctionnement et des contraintes, analyse de leurs relations avec les populations et les autorités – a très insuffisamment relevé le poids de ces incertitudes qui mettent en cause le système lui-même.
De fait, tous ces acteurs ne sont pas sur un pied d’égalité. Il existe notamment une frontière, plus ou moins nette selon les pays, entre ceux déclarant ne pas poursuivre de buts lucratifs et les autres. On peut aisément comprendre qu’en Mauritanie, où les subventions publiques au secteur associatif sont, disons, rares et très sélectives, les premiers éprouvent de notables difficultés à joindre les deux bouts. Tout en remarquant que les seconds disposent d’outils spécifiques de développement, trop souvent méconnus d’ailleurs – comme la « Facilité d’investissement » des Fonds Européens de Développement (FED) – attachons-nous au problème fondamental des associations et ONG à buts non-lucratifs : comment assurer le quotidien ?
Pérenniser le travail associatif
On rejoint ici la question du fonctionnement et de l’amortissement – c’est-à-dire, rappelons-en le sens strict, la couverture de la dégradation (et, donc, du renouvellement) – d’infrastructures peu ou prou génératrices de bénéfices directs : écoles, hôpitaux, etc. L’application du principe de la fiscalisation de l’activité économique, dont on peut constater, dans les pays dits développés, les limites de plus en plus évidentes, nécessiterait, dans un pays comme la Mauritanie, une réduction draconienne du secteur informel, poumon cependant de la survie populaire et moteur en conséquence du dynamisme du marché ; ou un redéploiement massif des nationalisations, dont les expériences du siècle précédent ont largement démontré la lourdeur débilitante. Admettons donc que ce principe ne soit pas la panacée et que le rôle de l’État ne soit pas de supporter systématiquement l’intégralité des nécessités fonctionnelles des infrastructures publiques – a fortiori, donc, du secteur associatif – mais de susciter plutôt suffisamment d’activités génératrices de revenus susceptibles d’entretenir directement celles-là et celui-ci, de manière durable. Credo libéral ? Pas exactement, nous allons le voir.
Prenons, par exemple, le secteur de l’éducation. On peut chiffrer assez précisément les perspectives idéales pour l’échéance 2020, en matière d’immobilier, mobilier, personnel, entretien, etc. Je dis bien idéales, c’est-à-dire objectivement susceptibles de redonner dynamisme à un secteur actuellement très « fatigué ». Nul doute qu’un tel tableau place l’État dans l’incapacité d’assumer l’ensemble des tâches à accomplir. Il faut donc chercher des alternatives ou, mieux, des partenariats. La privatisation de l’enseignement est un élément de réponse, en ce qu’a priori, son développement diminue l’effectif du public, permettant, en théorie, une élévation à moindre frais de la qualité des services de celui-ci. Sans ergoter sur les limites pratiques d’une telle hypothèse – c’est, en soi, un dossier spécifique – appliquons-nous à mettre en valeur des solutions qui combinent contrôle de l’État, pérennité des équipements et des actions, couverture intégrale des besoins et sollicitation minimale des finances publiques. À cet égard, le recours au waqf, en lui proposant une écriture résolument plus économique que religieuse, constitue une des pistes les plus prometteuses [7].
L’idée générale est simple :pour assurer son autonomie de fonctionnement, toute infrastructure ou Activité, publique ou civile, Non Génératrice de Revenus (ANGR) doit être soutenue, tout au long de son existence, par une Activité Génératrice de Revenus (AGR) correspondants au besoin, nantie d’une personnalité propre et gérée par un Conseil d’Administration (CA), réunissant le propriétaire du foncier [8] où est établi cette AGR, le bailleur ou le représentant d’une éventuelle communauté de bailleurs des équipements de ce foncier, et la structure bénéficiaire des fruits de l’AGR. Nous avons proposé, ailleurs [9], une dénomination spécifique, pour ce type d’activités, en accolant l’adjectif « communautaire » à celle utilisée dans le jargon du développement, pour bien la distinguer du secteur privé. Activité Génératrice de Revenus Communautaires ; AGRC, donc. Une telle structure doit-elle être automatiquement de type waqf ? La réponse navigue entre la nécessité de sa pérennisation et celle de la mobilité du marché. De nombreuses études, dans le monde musulman, notamment en Turquie et au Maroc, tendent à estimer qu’une immobilisation de plus du tiers de la propriété durable (foncier, immobilier, capital fixe) anémierait dangereusement celui-là. Nous avons suggéré 11, a contrario, qu’une gestion globalement ordonnée des biens immobilisés périssables, mobiliers en particulier, était d’un intérêt certain dans le développement économique global. La question comporte, de fait, une multiplicité d’aspects dont beaucoup demande une attention soutenue dans le temps.
Quelle que soit l’option retenue, il semble qu’en tous les cas d’AGRC soutenant une organisation nationale de développement, apolitique et à but non-lucratif, la présence de l’État, dans le CA de l’AGRC constitue un élément positif de stabilité et de contrôle. À moindre frais, en qualité de propriétaire du foncier. Sinon, en bailleur des équipements. Cette présence pourrait être le signe, remarquons-le au passage, distinguant la société civile politique – où l’État ne devrait intervenir que de manière ponctuelle, en distribuant équitablement les subventions légales lors des consultations électorales – de la société civile apolitique, partenaire permanent de l’institution publique. Remarquons également que cette présence, au sein du CA de l’AGRC, ne constitue, en aucune manière, un droit d’intervention dans la conduite de l’ANGR bénéficiaire dont les obligations, vis-à-vis du CA de l’AGRC, se limitent, chaque année, à la présentation de ses besoins et à la justification des subventions allouées [10]. Dans le cas d’ANGR où l’État entretient un contrôle plus poussé – écoles, hôpitaux, etc. – des mécanismes spécifiques d’intervention – rémunération et formation du personnel, investissements mobiliers et immobiliers, etc. – permettent d’entendre les fluctuations de la frontière entre le public et le civil.
Bien assurée de la permanence de son fonctionnement, la société civile apolitique devient ainsi apte à gérer ses objectifs sur le long terme, en y insérant la conduite de projets spécifiquement financés et non plus le contraire. Tout à la fois intégrées dans un plan global de développement, associant l’État et les bailleurs, et gérées, individuellement, par des CA regroupant ceux-ci et les organisations bénéficiaires, les AGRC qui autorisent une telle révolution comportementale sont, en elles-mêmes, des outils puissants de lutte contre la pauvreté, en offrant des services et de l’emploi. Nous verrons, ultérieurement, que leur implantation ne doit pas se limiter au niveau national mais doit s’inscrire dans un rééquilibrage, à l’échelle mondiale, de la circulation monétaire. Mais auparavant, il convient d’examiner la situation et les perspectives des ANGR localisés, notamment hors des grandes agglomérations urbaines.
Esquisses d’une stratégie en Mauritanie
D’emblée, il faut souligner l’extrême diversité des situations, dans un territoire de plus d’un million de kilomètres carrés, où 95 % de ses trois millions et demi d’habitants se concentrent, très variablement, sur quelque 150.000 km². Non seulement entre tel adwaba du fin fond du Hodh ech-Chargui et tel quartier de Nouakchott mais, aussi, entre deux adwabas ou deux quartiers de la capitale et, plus prosaïquement encore, entre deux voisins, les conditions d’existence peuvent à ce point différer qu’il semble illusoire de prétendre établir un état un tant soit peu précis des lieux, des situations et des capacités. On conviendra que cette appréciation nécessite l’établissement d’au moins un lieu permanent de socialité. Or l’école semble, à cet égard, son plus dynamique avatar et c’est donc à partir de celle-ci que nous établirons nos repères.
L’exercice exige une révision de nos concepts. L’école, ce n’est pas seulement un lieu d’enseignement, c’est simultanément l’enseignement du lieu. Aux enfants, en premier chef, et cette priorité se traduit par l’occupation, sept mois sur douze, des locaux par ceux-ci. Mais il faut aller beaucoup plus loin, en ouvrant l’établissement, les cinq mois restants, à tous les adultes du lieu. Véritable centre culturel, l’école devient ainsi la pensée humaine, active, de celui-là. Nous développerons plus loin cette idée [11]. Disons dès à présent, qu’elle implique une reformulation des stratégies et des méthodes d’enseignement qui doivent être désormais conçues à partir et en direction prioritaire de son lieu d’établissement. Laboratoire, atelier, réservoir d’informations, forum, l’école active, permanente, constitue le socle du développement durable.
L’État n’a manifestement pas les moyens d’assumer, sur tout le territoire utile – soit une classe-laboratoire [12] pour dix familles – l’ensemble des contraintes générées par une telle ambition. Encore une fois, la bonne méthode ne consiste pas à revoir à la baisse celle-là mais à définir les parties supportables par l’administration centrale, en laissant le reste aux bons soins de partenaires contractualisés et réunis, en chaque établissement, au sein d’un CA. Là encore, la fondation de quelque AGRC, dans l’environnement même de l’école, à Nouakchott et/ou à l’étranger, doit permettre de fournir les ressources pérennes nécessaires au bon fonctionnement de celle-ci. C’est sur le même principe qu’on fondera, au mieux, l’autre structure fondamentale du développement durable – le Centre de santé primaire (CSP) – qui devrait suivre la fondation de toute école, avant d’être complétée par une Unité de gestion de l’eau et de l’électricité (UGEE), toujours sur les mêmes bases d’autonomie coopérative.
N’établir une infrastructure qu’accompagnée des moyens de son fonctionnement, moyennant une répartition des responsabilités et des efforts, bien étudiée en fonction des réalités, tant locales que nationales : cette règle pragmatique doit d’autant plus devenir un principe de développement qu’elle peut être l’occasion de nouvelles symbioses entre le secteur public, au sens large du terme, et le secteur privé, à l’exclusion de tout mélange de genre. On prendra ici pour exemple, une situation rurale x, où une centaine de familles d’agriculteurs auraient à se concerter pour fonder une AGRC susceptible de soutenir leur école. Naturellement, la discussion débouche sur le choix d’une activité valorisant les leurs, quotidiennes.
Contactée, une ONG nationale, propose, au vu des cent hectares agricoles variablement exploités, un projet de transformation et de conditionnement de diverses productions végétales exportables. Une association locale de développement, regroupant toutes les familles concernées, est avalisée par le hakem qui déclare perpétuellement incessible et inaliénable [13] un terrain de quelques milliers de m², sitôt obtenu l’accord de financement de ses équipements [14] par tel ou tel bailleur institutionnel, voire privé, et en confie la gestion à une AGRC nantie d’une personnalité juridique et commerciale, sous surveillance d’un comité réunissant l’État, propriétaire du foncier et représenté par un fonctionnaire idoine, le bailleur des équipements, représenté, par exemple, par l’ONG nationale qui a défendu le projet à Nouakchott et ladite association locale.
Sans présumer de diverses autres formules, on notera que la viabilité d’un tel système repose sur la production de plus-values. Générer des revenus en brousse et, d’une manière générale, en toute situation de pauvreté, signifie attirer des ressources monétaires en provenance de circuits mieux pourvus. Le caractère communautaire de l’AGRC permet déjà de fixer des fonds d’équipement mais ce capital ne devient localement dynamique qu’en ce qu’il permet une exportation de produits ou de services locaux. Les questions à débattre, en amont, relèvent de la connaissance du lieu et des gens qui l’habitent, de leur différence spécifique et des opportunités à les valoriser, à l’échelle nationale, voire internationale. C’est donc affirmer la promotion d’une qualité, d’un terroir, d’un biotope, attitude assez nouvelle pour un mauritanien, plus enclin à se fondre dans le moule, à reproduire un exemple éprouvé, qu’à se distinguer, prétendre à l’originalité.
Cela implique également un effort de concertation, entre la société civile locale, quel qu’en soit le développement, et la structure administrative communale. En particulier, dans le souci de fixer les compétences nécessaires à la conduite de l’AGRC. Cela peut impliquer, aussi, un effort de cohésion inter-communale ou inter-localités, dans la recherche d’un juste équilibre entre rentabilité et complexité. Cela suggère, enfin, une attention accrue à la gestion des flux monétaires. On s’aperçoit ainsi qu’un tel fondement de développement local doit se concevoir en synergie avec des perspectives plus globales.
Complémentarités
Le fonctionnement de la Société civile diffère de celui de l’État. Il faut comprendre cette différence, la valoriser, la traduire en flux cohérents d’énergie. Il a fallu, par exemple, découper le territoire national en unités géographiques (communes, arrondissements, régions) selon des critères quantifiables, objectivement pertinents mais forcément sélectifs, négligeant telle ou telle dimension écologique, sociale ou économique, pour les besoins jugés prioritaires de telle ou telle autre. S’il peut s’avérer nécessaire, a posteriori, de modifier ce découpage, c’est toujours un risque de désordre. On doit étudier, en amont et très attentivement, cette option en lui en opposant quelque alternative. C’est précisément ici que les qualités spécifiques de la Société civile se révèlent particulièrement utiles : elle est une fenêtre permanente sur le Réel.
Une OSC se forme en fonction d’un intérêt commun – besoin, défense ou opportunité, peu importe ici – en prise directe sur le vécu ; immédiat le plus souvent mais parfois plus lointain. Elle agglutine des gens en fonction de convergences pas toujours objectives ni surtout quantifiables ; sinon, difficilement, en comparaison des moyens de l’État et des PTF. Elle développe également des relations de proximité, sans tenir compte des partitions administratives. Cette prise directe sur le vécu des gens peut être ainsi productrice, tout à fois, d’informations, de synergies et d’ajustements. Dans quelle mesure ces productions sont-elles exploitables ? Ici se posent des questions de communication et il faut avoir l’intelligence de ne pas l’atrophier, par excès de directives ou, à l’inverse, de laisser-aller.
Le partage d’expérience, entre les PTF actifs dans le pays, d’une part – ainsi que nous le suggérions dès le début de ce chapitre – et, d’autre part, entre les divers services de l’administration mauritanienne, doit permettre, à terme, d’établir des grilles de langage avec la Société civile, jusqu’au plus local. Nous avons signalé précédemment toute l’importance de l’école, sitôt qu’elle est conçue en tant qu’enseignement du lieu. Dans un pays où 80 % de la population a moins de quarante ans, ce n’est pas rien et c’est précisément là que doivent être (re)travaillées ces grilles, avec cette idée, constante, que la plupart des actions de développement peuvent être étudiées, voire organisées, à partir de l’école, tant dans son cadre scolaire classique qu’élargi hors temps scolaire [15], comme tantôt suggéré. On y mesurera combien certaines questions, pertinentes au niveau global, sont peu ou prou lisibles localement : s’il est souhaitable de les y faire comprendre à terme, il faut admettre le temps de leur assimilation. À l’inverse, il faut pouvoir entendre, en hauts lieux, ce qui compte précisément en tel ou tel endroit. C’est dire toute l’importance de la circulation, dans les deux sens, de l’information ; et de la patience, dans la formulation des règles de l’échange.
Une telle approche doit faire progressivement apparaître un certain nombre de projets ordinairement transversaux, non seulement, des catégorisations thématiques mais, aussi, spatiales, posées par les institutions (État et PTF) ; projets de mieux en mieux conçus, localement ; de mieux en mieux compris, au niveau global, et finement financés, en conséquence. L’importance accordée aux relations de contiguïté, voisinage et proximité est de nature à favoriser, elle, une dynamique de terroirs, centrée sur des visions de « promontoire », autour, banalement, d’un pôle existant de développement [16] et en intégrant toutes les spécificités locales. C’est une bonne méthode pour traiter, notamment, les situations frontalières, les limites de communes, départements, régions, voire nations, obligeant les structures administratives décentralisées [17] à s’entendre en tant que force de cohésion et non plus, seulement, de démembrement. Cette dimension de cohésion implique un gros effort de cohérence dans le stockage et la diffusion des informations. Toute étude préliminaire, a fortiori toute conduite de projet, est un élément objectif à verser dans une banque spécifique de données localisées, accessible à tous les partenaires, administratifs et civils, politiques et techniques de celui-là, à partir du « lieu d’enseignement du lieu », c’est-à-dire, l’école qui se voit ainsi renforcée dans son rôle.
Dynamismes
Mais qu’en est-il du nerf de la guerre ? Pour fonctionner, tout ceci demande des moyens financiers. La question est surtout pendante, nous l’avons vu, pour les ANGR locales, OSC à but non lucratif et écoles en particulier. Le recours, impératif, à des AGRC signale l’exiguïté des marchés locaux et, plus généralement, du marché mauritanien. Sur 80% du territoire habité, la mise en place de la moindre AGR pose problème, faute de pouvoir d’achat de la clientèle locale. Prétendre y opposer la concurrence d’une AGRC relève largement de l’utopie. Aussi et sans présumer d’arrangements circonstanciés entre les deux types d’activités, il convient de poser un a priori : toute AGRC doit être motrice de l’activité économique locale. Générer, donc, suffisamment d’AGR, en son amont et/ou son aval, pour stimuler le secteur privé local, en tirant, de l’extérieur de la localité, une part conséquente de ses bénéfices financiers.
En brousse mauritanienne, on construit, avec quinze mille euros, une maison de standing bien adapté à son lieu d’implantation. Il en faudra presque le double, à Nouakchott, et trente fois plus, à Paris. C’est, grosso modo, dans une telle échelle – 1, 2, 30 – qu’il faut envisager les stricts besoins d’investissements d’une entreprise en telle ou telle de ces situations spatiales, nonobstant, bien évidemment, les contraintes d’infrastructures, formations et opportunités commerciales nécessaires à l’établissement et au fonctionnement de celle-ci. La rentabilité et la sécurité de l’investissement est assez certainement inverse mais dans des proportions difficilement chiffrables, au demeurant. Il y aurait donc à réfléchir, pour assurer le fonctionnement durable de diverses ANGR à R’Kiz, entre la mise en place d’une unité de production de sauce tomate sur les bords du lac, d’une menuiserie à Nouakchott et d’un portefeuille d’actions à la Bourse de Paris ou du Qatar.
S’il est probable que la meilleure solution combine les trois formules, il convient surtout de remarquer les boucles de régulation maintenant suggérées. On admettra, ici sans démonstration et sans relever non plus ses effets contraires, la contribution, au minimum indirecte, des bourses financières aux efforts internationaux de développement. Ce ne serait donc que justice de voir une fraction de ces efforts contribuer à sa bonne santé et doublement, sinon plus, en ce que la rémunération du capital ainsi placé serait affecté à une œuvre d’utilité publique. Il faut également s’intéresser au raisonnement inverse qui consisterait à doter des ANGR en parts de capital dans des entreprises privées. Un procédé qui ne manque pas non plus de perspectives, l’exemple suivant va illustrer notre propos.
Soit un projet y de reforestation en bordure du fleuve Sénégal, débouchant sur une exploitation de produits ligneux et non-ligneux. Les trois dimensions du développement durable – écologie, social et économie – sont clairement présentes. En impliquant, en proportion raisonnable, diverses OSC locales et nationales dans le conseil d’administration de la société fondée pour administrer le projet, on garantit le nécessaire débat entre les nécessités de chaque composante du triptyque, tout en assurant, à ces OSC, via les dividendes de l’actionnariat, au moins une base de fonctionnement pour diverses ANGR auprès des populations et des biotopes concernés. C’est le souci de durabilité qui impose une telle dynamique et, à cet égard, il serait également souhaitable que l’État y participe également, en fonction des impacts induits, selon les plus appropriés de ses démembrements (commune, département, région, ministère).
En tout cela, on aura bien évidemment laissé beaucoup de points en suspension : dix pages ne peuvent prétendre tout dire. Et c’est très bien ainsi : il ne s’agissait, comme dans nos précédents dossiers de presse, que de stimuler la réflexion et de rappeler, sinon lancer, des pistes d’investigations. Pour finir, on remarquera simplement que l’approche ici présentée ne suppose, pour être correctement expérimentée, que l’existence de deux ou trois bourgs – sur les quelque sept cents recensés à travers le pays – assez avancés, sur le plan de l’organisation civile, et forts de suffisamment de liens de voisinage, pour animer une dynamique conséquente. Il n’y a, de fait, que l’embarras du choix et, celui, bien sûr… de la décision, enfin concertée.
[1] Première publication scindée en cinq articles, dans l’hebdomadaire mauritanien « Le Calame », entre Juin et Juillet 2014.
[2] Organisation de la Société Civile.
[3] Organisation Non-Gouvernementale.
[4] Partenaire Technique et Financier.
[5] Campements d’anciens esclaves ; plus généralement, de populations rurales très démunies.
[6] Termes De Référence.
[7] Le waqf (immobilisation, en arabe) ou, en langage plus technique, Immobilisation Pérenne de la Propriété (IPP) est un outil économique de premier plan, pour le développement durable.
[8] Dans l’hypothèse, la plus fréquente, où le capital de base (fonds) soit ainsi constitué. Mais il existe bien d’autres possibilités : placement en bourse, œuvre graphique ou autre, etc.
[9] In « LE WAQF […] LA MAURITANIE […] », op. cité.
[10] Avec, bien évidemment, la restitution de son bilan d’administration de l’AGRC, si elle en est le gestionnaire attitré. Une situation au demeurant assez ambiguë – association à but non-lucratif tout à la fois gestionnaire et bénéficiaire d’une structure à but lucratif – pour être ordinairement évitée, voire légalement interdite.
[11] Voir, plus loin dans l’ouvrage, la partie III Éducation.
[12] Un concept essentiel qu’on explicitera en détail, dans cette même partie Éducation. Notons déjà qu’il réhabilite la classe unique. Il ne s’agit plus, pour l’enseignant, d’inculquer un programme annuel préétabli, mais d’entretenir, sur un cycle de six années, une dynamique de découverte du milieu, en mobilisant toutes les compétences disponibles, les élèves plus âgés soutenant les plus jeunes ; dynamique sanctionnée, à terme, par des acquisitions intellectuelles : lecture, écriture, quatre opérations, etc. ; techniques : manipulation d’outils divers, inventivité, logique instrumentale ; comportemen-tales : attention à l’environnement, capacité d’écoute, d’expression, de concertation, de décision, etc. Centrée sur l’unité-classe, une telle approche nécessiterait le quasi-doublement du nombre actuel de salles et d’enseignants, d’ici 2020, et son quadruplement à l’échéance 2050 : prérogatives de l’État, variablement partagées avec le secteur privé. 30 000 AGRC, d’ici 2020 ; 60 000, en 2050 ; chargées, pour leur part, d’assurer l’entretien, le renouvellement et le développement des équipements mobiliers et immobiliers. Comme on l’évoque dans le corps du texte, de telles perspectives ne manquent de soulever des questions, on y reviendra.
[13] Acte fondamental de l’Immobilisation Pérenne de la Propriété (IPP), version laïcisée du waqf musulman, comme évoqué plus haut (note 10).
[14] Tous les rajouts, mobiliers et immobiliers, suivent le statut du fonds.
[15] Soit, au bas mot, cinq mois par an où l’école (collège ou lycée) peut se consacrer à l’information/formation des adultes : coopératives féminines de maraîchage, artisanat ou autres ; relais communautaires ; responsables locaux de tel ou tel projet, etc.
[16] La notion de « promontoire », notamment développée par l’Institut National de Recherches Agronomiques (INRA) en France, illustre cette perception systémique du biotope à l’échelle de l’humain. En Mauritanie, un cercle de dix à douze kilomètres de rayon semble une échelle assez raisonnable de grandeur, compte-tenu des contraintes spécifiques du pays. Un constat à juxtaposer au nombre d’agglomérations susceptibles de constituer un pôle localisé de développement rural : moins de sept cents localités ont une population comprise entre 3 000 et 15 000.
[17] Les nations modernes n’étant, somme toute, que des démembrements de l’organisation mondiale des échanges…
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